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Mon petit ventre, réjouis-toi, ce que je mange c’est pour toi !

Guillemette Faure, dans son livre Le meilleur pour mon enfant (Les Arènes, 2015), nous alerte sur les mauvaises habitudes alimentaires que nous perpétuons et inculquons à nos enfants. Ainsi, les obliger à finir leur assiette n’est pas forcément une très bonne idée.

Allez finis ton assiette ! », « tu n’as presque rien mangé ! »… mais papa, maman, j’ai le droit de ne plus en vouloir. Je me connais!

En effet, les enfants connaissent leur organisme, s’ auto-régulent, et ne se laissent pas mourir de faim. En tant qu’adulte nous pensons que si les enfants ne mangent pas la totalité de leur repas, cela indique qu’ils n’ont pas assez mangé. Mais en réalité les enfants ont naturellement la capacité de s’arrêter lorsqu’ils n’ont plus faim. Quand les parents ne sont pas là, les enfants mangent en moyenne 60 % de leur assiette… Et ça leur suffit! A force de « les obliger » à finir leur assiette, à les encourager en leur disant « tu manges comme un grand », « c’est bon pour ta santé« , en usant du chantage et de la récompense même inconsciemment « si tu finis ton assiette, tu auras une glace », on éloigne peu à peu l’enfant des signaux de satiété qu’il captait naturellement.

Souvent les enfants qui mangent du lait artificiel et des purées auront moins cette notion de satiété du fait qu’ils soient depuis tout petit « obligés » de boire la quantité de lait qu’on leur administre, et les quantités au gramme près de légume. Les enfants buvant du lait maternel et qui mangent en DME (Diversification Menée par l’Enfant) s’auto régulent et mangent en fonction de leurs besoins. Je n’incite pas à choisir le lait maternel ou la DME plus que le lait artificiel et les purées, mais écoutons nos enfants et ne soyons pas frustrés s’il reste 60mL dans le biberon.

L’organisme mondial de la santé (OMS) informe de plus en plus avec la publicité qu’il est important, et surtout pour les tout-petits, de manger des fruits et des légumes et de ne pas manger trop gras, trop sucré et trop salé. Frites, coca, chocolat, sucrerie, ne sont pas bon pour les enfants ! L’obésité commence dès le plus jeune âge, les bonnes habitudes alimentaires doivent être suivies dès la naissance.

Papa, maman, l’alimentation se joue déjà in utéro, durant la grossesse. Ce que maman va manger m’indiquera mes préférences futures. Ainsi il est conseillé de favoriser les fruits, les légumes, les repas préparés maison plutôt que le fast-food ou la nourriture trop riche.

La première année est celle des découvertes culinaires. Jusqu’à trois ans, il est conseillé  d’apprendre à l’enfant à manger sainement. Et cela peut nous permettre, adultes, de réapprendre à manger correctement, à prendre plaisir de préparer.

Après tout n’est-ce pas cela un repas? D’être ensemble pour partager un moment agréable. Émincer, couper, éplucher, avec les enfants pour leur donner l’envie de cuisiner, de découvrir les différents légumes par exemple. Et manger en discutant pour prendre le temps, évitons les repas chacun de son côté ou à ne pas discuter. Prenons plaisir à être ENSEMBLE.

Manger sainement coûte cher me direz-vous. Oui et non, les laitages, les biscuits et les compotes infantiles (ou « spécifiques aux bébés »), ne sont souvent que du marketing. Pire, il y a souvent beaucoup plus de sucre que dans des laitages ordinaires ou biscuits de type petit beurre, madeleine etc.

Les bébés préfèreront leur biberon et leur repas dans les bras tant qu’ils ne savent pas s’asseoir seul, par la suite une fois qu’ils savent s’asseoir et tiennent assis la chaise haute pourra leur être proposée. Le transat peut être utilisé quelques minutes après le repas, si vous ne voulez pas mettre votre enfant au sol ou le garder un peu dans vos bras. Le transat, comme indiqué dans notre projet pédagogique, est utilisé de façon très exceptionnelle, voire jamais. Et votre bébé ne régurgitera pas plus.

Dans les micro-crèches Les petits colibris, nous avons mis en place un projet autour de l’alimentation. Nous nous rendons ponctuellement au marché afin d’éveiller les sens des enfants et revenir avec quelques fruits pour le plus grand plaisir des petits et grands.

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Le cerveau d’un enfant : immature et en construction

Ouin, ouin !!! je pleure, je crie. 

Papa, maman, vous êtes épuisés, vous voudriez que je me taise, que je dorme.

Mais parfois un câlin, une main sur ma tête, me permettra d’aller mieux.  Et oui c’est génial, dès que vous m’avez dans les bras, j’arrête aussitôt de pleurer.

On vous dira : « Tu vois, il a encore réussi, à peine tu le prends dans les bras, il arrête de pleurer. Il fait de la comédie. » (Cette phrase vous fait surement écho, dans ce cas continuez de comprendre mon cerveau)

Non promis ce n’est pas un caprice ou je ne vous manipule pas.

Je ne suis pas encore capable de cela. Le cerveau de l’enfant et de l’adulte est différent. Le cerveau d’un adulte a la capacité de manipulation ; en revanche les enfants voient comment nous réagissons. C’est cette réaction que l’enfant va rechercher. L’enfant a besoin d’attention, d’amour, de tendresse.

Donc si tous les jours vous criez, vous vous énervez, l’enfant aura l’habitude de cela. Son cerveau assimilera ces cris à quelque chose de normal et qui le rassure, car il n’a toujours connu que ça. Mais l’enfant va se sentir stressé (inconsciemment) et le cerveau va sécréter du cortisol, une hormone de stress. On sait aujourd’hui que c’est toxique si c’est sécrété trop souvent ou de manière trop intense. En revanche l’ocytocine est une hormone qui arrive naturellement quand on prend l’enfant dans les bras.

Les cris peuvent amener à de la violence

Cela ne sert à rien de crier, de répéter dix fois les mêmes choses, ou de s’énerver. Ça va épuiser les adultes et parfois des propos ou des gestes démesurés peuvent marquer un enfant à vie.

En criant : « Dépêche-toi, va plus vite, fais pas ci, fais pas ça », ces dires vont juste amener l’enfant à faire le contraire et à esquisser un sourire. (je sens que vous voyez de quoi je parle)

Les enfants auront souvent pour première réaction de sourire lorsqu’un adulte lui reproche quelque chose ou hausse la voix. Le cerveau de l’enfant est encore immature et le sourire est souvent un réflexe pour se rassurer lui-même et désamorcer l’émotion de l’interlocuteur en face de lui. Ce n’est donc pas une provocation.

Les parents disent souvent, « non je ne taperai pas mon enfant », ou alors « ce n’est qu’une fessée, ce n’est rien » : si, c’est quelque chose, et la loi relative à « l’interdiction des violences éducatives ordinaires » a été adoptée le 2 juillet 2019 (fessée, négligences affectives etc.).

La violence verbale est parfois plus dangereuse que la violence physique. Cela peut être dévastateur pour le développement de l’enfant. Elle cause une détresse émotionnelle.

Etant un bébé en couche culotte, j’entends souvent : « tu es nul, tu es méchant », quand mes parents m’emmènent voir  d’autres personnes, on dit de moi « il tape tout le temps, il ne comprend rien ». Papa, maman, j’entends et je comprends ce que vous dites.

Ou parfois vous dites : « j’en ai marre de devoir te répéter dix fois la même chose, tu es aussi bête que ton père, tu verras quand on rentrera à la maison » mais j’essaye de faire de mon mieux, et pourquoi tu me dis cela concernant papa alors que c’est mon papa, c’est le meilleur. Parfois les adultes comparent deux enfants « elle, est toujours gentille, lui, il tape, il mord ».

Ces phrases sont néfastes pour le développement psychique de l’enfant. Elles marquent le manque de respect, l’insulte, le surmenage.

Papa, maman, si vous, adultes,  qui devez m’aimer le plus au monde et me sécuriser, vous pensez ça de moi alors comment je peux construire mon identité. Je serai forcément « méchant, mordeur, etc. » puisque vous le dites. Je vais donc réitérer ces comportements pour continuer à l’être ou au moins pour que tu t’occupes de moi.

Déjà un petit conseil, papa, maman, ne pas dire ces propos négatifs devant nous. Nous, les enfants, on préfère jouer avec vous, avoir des moments individuels. Nous comprenons quand vous nous parlez, vous pouvez vous excuser auprès de nous, et dire : « je suis désolé, je me suis énervé. Je suis fatigué ». Verbaliser et valoriser, nous on adore : « Tu sais c’est interdit de mordre, de taper, mais je sais que tu es capable de jouer tranquillement. Je te fais confiance, je crois en toi. »

La valorisation et montrer à l’enfant qu’on croit en lui va permettre à l’enfant de se sentir fier de lui, et va pouvoir développer son estime.

Petite info sur les émotions

La joie et la sérénité sont toujours plus faciles et plus agréables pour les adultes. La peur, la colère, la tristesse, sont des émotions plus compliquées aussi bien pour l’adulte que pour l’enfant. Mais il ne faut pas repousser l’une ou l’autre, et plutôt les accepter et réussir à les comprendre et à les apprivoiser. Les émotions des petits renvoient à nos propres émotions.

Moi aussi parfois je suis fatigué, j’ai peur, j’ai mal quelque part sauf que je n’arrive plus à verbaliser mes émotions puisque j’en suis envahi. Aide-moi à le dire. Aide-moi à comprendre mes émotions. Cela me permettra de faire du tri dans ma tête et de réussir  à reprendre mes esprits (livre la couleur des émotions par exemple).

« Je comprend que tu cries, tu as eu peur…. », « tu es triste mais papa va revenir vite, on fait un câlin si tu veux, je te donne ta tétine et ton doudou.».

Au sein des Petits Colibris, comme mentionné dans le projet pédagogique et le règlement de fonctionnement accessibles sur le site internet, nous faisons en sorte de respecter le cerveau immature de l’enfant. Comme indiqué dans cet article, les professionnelles font en sorte également de prendre les enfants dans les bras quand ils en ont besoin, nous verbalisons au maximum pour permettre à l’enfant de se rassurer et de connaître le déroulé de la journée. Nous travaillons sur les émotions avec les enfants, pour mieux qu’ils les comprennent. Les violences verbales et physiques sont proscrites.

Le livre du docteur Catherine Gueguen – Pour une enfance heureuse- peut vous donner des informations concernant le cerveau et les neurosciences de l’enfant

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Me reposer : penser à mon rythme biologique

Je suis fatigué.

Mais ça va être bientôt l’heure de mon repas, il y a un rythme a respecter disent les adultes, ou papa ou maman le soir vont arriver dans deux heures. Il ne faut donc pas que je dorme. Alors je reste à pleurer, à me frotter les yeux ; on me prend dans les bras. On me dit « oui je sais que tu es fatigué mais il est trop tard pour que je te recouche » Mais moi je voudrai juste me reposer un peu pour pouvoir profiter de ma fin de journée. Pouvoir profiter de papa et maman quand je rentrerai chez moi. C’est long une journée à la crèche.

Maman, papa, je dors à la crèche mais je fais des grosses journées, imaginez tout ce que je découvre.

Vous, papa, maman, vous êtes fatigués de vos journées, alors imaginez moi, qui est petit !

Le bruit des pleurs quand le copain est fatigué ou quand il se réveille, moi ça perturbe mon sommeil.

Donc il faut respecter mon rythme biologique au lieu du rythme des adultes. Papa, maman, il faut parfois aussi que je redorme un peu et promis je dormirai quand même la nuit.

C’est en étant fatigué et en ayant passé mon train du sommeil que je serai beaucoup plus énervé et ce sera un dodo d’épuisement mais pas un sommeil réparateur qui me permettra d’assimiler toutes les informations de la journée.

Papa, maman voici quelques informations pour mieux me comprendre…

Une petite explication sur l’importance sommeil du  jeune enfant.

Un sommeil de qualité est indispensable chez le jeune enfant. C’est durant cette période qu’il développe ses capacités cérébrales et que cela produit différentes hormones, notamment l’hormone de croissance. Un sommeil suffisant permettra également la concentration et favorisera l’apprentissage récent. Nous pouvons différencier différents type de sommeil. A la sieste l’enfant se repose alors que la nuit il grandit, son cerveau se réorganise, et pleins d’autres évènements biologiques se déroulent.

Le temps de sommeil est différent en fonction de l’âge

A la naissance, le nouveau-né dort entre 17 et 20h par jour. La distinction entre le jour et la nuit n’étant pas encore établie, les cycles de sommeil peuvent varier entre 30 minutes à 2-3h et être entrecoupés par la faim, la couche sale, ou de légers temps d’éveil.

Entre 3 et 6 mois le bébé a compris la distinction entre la journée et la nuit. Ainsi il fait généralement deux ou trois siestes par jour selon son besoin de sommeil. Chaque enfant est différent et a donc des besoins différents.

Les pleurs de décharges arrivent vers cette période. Les parents se sentent démunis et n’arrivent pas toujours à comprendre pourquoi leur enfant pleure. Pas de panique.

Ce sont des pleurs indispensables pour certains enfants qui permettent de libérer le stress et les angoisses accumulées.

Entre 6 et 12 mois, le bébé dort en moyenne 8 à 12h par nuit. Le temps de sieste varie en fonction de l’enfant.

Vers 8 mois arrive l’angoisse de séparation et d’éventuelles difficultés d’endormissements.

L’enfant choisira son objet transitionnel (doudou, t-shirt avec odeur, couverture, jouet…) qui lui apportera confort et sécurité lors de l’endormissement ou séparation avec ses proches.

A partir de 1 an le temps de sommeil sera entre 10 et 16h selon l’enfant, réparti entre sa nuit et ses siestes. Plus l’enfant grandira et plus le rythme coïncidera avec celui de l’adulte.

Chez Les petits colibris, comme il est indiqué dans le projet pédagogique, le rythme biologique est respecté. Ainsi lorsqu’un enfant commence à montrer des signes de fatigue, nous lui expliquons qu’un temps de repos va lui être proposé. Parfois un rituel d’endormissement (dans les bras, rester à côté, musique) est mis en place.  Un lit leur est attitré.

Deux dortoirs sont à proximité de la pièce de vie, pour permettre aux enfants de s’apaiser, d’être au calme et d’avoir un sommeil de qualité. Pour d’autres enfants, pour qui le bruit, et la présence de l’équipe est rassurante nous proposons des coussins, les bras ou l’écharpe de portage (en concertation avec vous) pour rester dans la pièce de vie.

« L ‘enfant doit avoir le droit de dormir quand il a sommeil, de s’éveiller quand il a fini de dormir, et de se lever quand il le veut » Maria Montessori

J’aborderai dans un autre article les angoisses nocturnes et les cauchemars ainsi que les rituels d’endormissement.

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Pourquoi je mords ? je vous explique…

Maman, papa je ne suis pas méchant. Je ressens votre peine, votre colère ou votre désarroi quand on vous dit que j’ai mordu, griffé, tapé un autre enfant.

Mon cerveau n’est pas encore assez mature. Je ne suis pas en capacité de contrôler mes pulsions et mes émotions. Alors parfois mon seul moyen d’expression est de mordre.

Vous avez sans doute remarqué que je mettais tout à la bouche, je suis dans la phase orale, besoin de tout découvrir en goûtant, pour découvrir le monde, les personnes et les objets.

Les frustrations qui peuvent être nombreuses en crèche, m’amènent parfois à réagir d’une manière agressive. Les jeux sont souvent l’occasion de bousculade et de conflit de territoire.

Donc si je joue avec un jouet et qu’un autre enfant me le prend des mains parfois je n’arrive pas à contrôler mes émotions, à dire « non » comme on me le demande, et donc mon premier geste est de me défendre en poussant, en griffant, en mordant. Comme lorsque je suis dans mon espace et que quelqu’un vient accaparer mon terrain de jeu.

Mais parfois je veux montrer que j’aime beaucoup quelqu’un et donc je vais faire un bisou en mordant.

Et oui mordre peut signifier un acte de défense, d’agressivité mais aussi d’amour.

Les raisons peuvent donc être multiples : j’ai besoin de quelque chose, j’ai besoin d’attention, je suis en quête de nouvelles découvertes, je suis anxieux, en colère ou bien trop content.

Apprends-moi à gérer mes émotions.

Me donner un jeu que je peux mordre, des poupées, des balles ou des jouets en tissu que je peux lancer si je suis en colère, une cabane ou l’on est tout seul pour m’isoler. Mais aussi peut-être me mettre à disposition des peluches pour réconforter, le doudou, la tétine. Mais aussi me donner des repères pour que je me sente sécurisé dans la crèche et dans le déroulement de la journée. Des livres qui reprennent mes actes.

Mais surtout reprends mon geste plutôt que moi directement. J’ai quand même besoin de personnes fiables, stables et sécures qui continuent de me choyer même si j’ai fait un geste qui ne convenait pas. Comme Laurence Rameau le dit « Il ne sert à rien de stigmatiser ou de gronder l’enfant mordeur, bien au contraire, c’est d’une attention bienveillante dont il a besoin et qu’il faut lui fournir. Sans évidemment tout lui laisser « tout faire » et sans applaudir des deux mains à cette morsure, il convient de consoler tout autant l’enfant mordu que de s’occuper sur le plan affectif de l’enfant mordeur. »(Un bébé à la crèche)

Après avoir repris mon geste et rassuré l’enfant que j’ai poussé, griffé, mordu, je peux passer un gant sur le bobo de l’enfant. Si l’enfant n’est pas d’accord car il a encore peur, pourquoi ne pas prendre une poupée, la soigner et la prendre dans les bras.

Ainsi en sus de soigner, de rassurer, j’apprendrais les gestes qui rassurent et développerais mon empathie.

Virginie Maillard explique en dessins que ces petits qui griffent, mordent ou tapent ne sont ni méchants, ni violents ! Je vous mets des livres à disposition et je parlerai dans un prochain article des émotions.